Une dizaine de jours, presque 2 semaines à première vue, elle était restée coincée dans les prisons de Rezbia. Elle n’avait eu la chance de s’expliquer que quelques jours après son emprisonnement et bien en mal de prouver quoi que ce soit dans l’immédiat, elle avait eu besoin que les personnes pouvant lui accorder sa libération vérifie la véracité de ses dires. Décidément, quitter l’ancienne capitale, seule, en passant par les territoires assiégés ne lui avait pas réussi. Néanmoins, elle avait espéré passer inaperçu, justement, en empruntant un chemin comme celui-ci après quelques semaines à tenir le siège elle espérait que les « envahisseurs » seraient moins alertes. Elle avait eu tort. Malheureusement pour elle, sans pouvoir contacter qui que ce soit, elle avait dû prendre son mal en patience et prouver son point de la meilleure des façons possibles afin que ses geôliers la libèrent. L’avantage, dans son propre cas, c’est qu’elle avait eu aucune intention belliqueuse à l’égard de l’empire l’ayant fait prisonnière et, au fond, elle n’avait voulu quitter Aureus que pour se protéger. Ça, cependant, elle n’en avait pas fait part lors de sa capture, car elle avait eu vent que les mutants avaient subi d’étranges épisodes comme le sien partout sur le territoire Akkadien.

Les quelques jours qu’elle avait passés enfermer dans les prisons de Rezbia lui avaient néanmoins appris quelques petites choses. Peu au fait de tout ce qui se passait sur le reste du continent, vu l’autarcie dans laquelle semblait vivre Aureus par la faute de l’ordre, elle avait finalement appris que Shila se trouvait dans le palais. Elle n’avait plus entendu ni même prononcé ce prénom depuis plusieurs moins déjà et bien que le visage de la belle lui ait traversé plus d’une fois l’esprit, elle n’avait jamais voulu reprendre contact avec cette dernière… Dans tous les cas, ne sachant pas où elle se trouvait rendait la prise de contact plus complexe et Matild n’avait eu ni le cœur ni l’esprit de se mettre à la recherche de l’argent … D’autant plus que cette dernière l’aurait sans doute rejeté une fois de plus et la gamine ne se sentait pas capable de le supporter. Triste vérité. Elle était forte la poupée, mais elle avait toujours eu beaucoup de difficulté à encaisser le rejet… Peut-être plus même, puisque dans dans le cas de la shiver, c’est sa nature qui avait, une fois de plus, nuit à la Faring. Cet étrange sang qui, malgré tout, elle tentait d’aimer et d’apprivoiser.

Néanmoins, même en occultant tout songe concernant l’ancienne Xi’Nora, elle n’avait jamais réussi à cesser de penser à cette dernière et savoir qu’elle était alors tout près, avait embrumé l’esprit de la gamine. Elle n’avait jamais ressenti pour personne ce qu’elle ressentait pour la brune, et bien qu’elle ne sache mettre des mots sur ce qu’elle ressentait, cela lui manquait. Son cœur brisé rêvait de pouvoir battre à nouveau de la même façon. C’est finalement cela qui l’avait poussé, malgré toutes ses appréhensions, à tenter d’entrer en contact avec Shila. Fraîchement libéré des prisons de Rezbia, elle avait préféré ne pas tenter le diable en se présentant au château, mais avait plutôt choisi les laboratoires où, semblait-il, travaillait la belle. Le choix du lieu importait pour Matild qui n’aurait guère voulu coincé sa « cible » dans une ruelle de la ville pour la prendre par surprise. Étonnamment, elle avait envie de jouer d’une certaine façon, de cette effet de surprise, mais … avec des témoins. Bien que son but ne soit pas de faire du mal à la Gavon ou tout autre chose, elle trouvait quelque chose de satisfaisant dans le fait de possiblement la mettre mal à l’aise. Elle espérait également que, devant des témoins, la shiver ne la repousserait pas brutalement … Mais va savoir, elle avait toujours eu beaucoup de difficultés à la comprendre. Cette dernière ne se laissait pas facilement approcher.

Un pied dans les laboratoires, suffit à Matild pour éveiller cette impression de bien connaître les lieux. Malgré quelques différences, les laboratoires avaient de trop nombreuses similitudes pour que Matild ne s’y sente pas « comme à la maison », elle qui était bien habituée à passer des journées entières dans cet environnement stérile. Peut-être est-ce la confiance de connaître l'endroit qui lui permit de passer, sans trop de mal et sans essuyer une foule de questions - ou la sécurité laissait peut-être à désirer, va savoir- , mais rapidement, elle trouva le chemin qui la mena dans la salle qu'occupait la Gavon, ainsi que quelques autres employés du laboratoire. Son regard, croisa celui de la brune avant qu'aucune parole n'eût été prononcée et elle n'osa pas non plus s'exprimer, attendant plutôt de voir la réaction de la princesse.