La fille au bracelet myosotis l'a prouvé, elle est faite pour briller, lumière incandescente que l'on aurait soupçonné dans l'ombre de son protégé. La petite guerrière s'est révélée, talentueuse et charismatique, menant les soldats de son rois pour récupérer la cité perdue. Elle s'est heurté à bien des frustration, blessée par de vulgaire piège, alors que la ville était abandonnée, livrée à elle-même, les cieux seuls savent depuis combien de temps. La joue écorché, l’ego abîmé, elle n'avait pas montré le moindre signe de faiblesse, marchant sur ce choix de ruines que les abominables humains avaient laissés derrières eux. Par dessus tout, elle avait subit sa présence, à celui dont le destin était désormais scellé à celui d'une reine, à celui qu'elle ne pourrait jamais réellement avoir. Elle se délectait de cette proximité et l'exécrait tout autant, condamnée à le voir filer le parfait amour au côté d'une autre, bien plus belle, plus puissante et plus importante qu'elle ne serrait jamais. Aléa n'était qu'une âme en perdition à côté de la sublime Griffith. Elle n'en était que plus pressée de retrouver son âme sœur dont chaque séparation était plus douloureuse que la précédente. Elle s'accrochait à ce qu'ils avaient été, refusant d'être autre chose que celle qui demeurerait à ses côtés pour le protéger. Il était son tout, son renouveau, l'essence même de son existence. La créature mêlée s'empressait de le retrouver, sans se soucier de quiconque pouvait bien croiser son chemin. Jusqu'à ce qu'elle la croise elle. Les iris claires se glacent alors qu'elle toise la tisseuse orange refermer la porte du bureau de son autre. Moue dubitative, elle l'observe, comme si elle était chez elle, en terrain conquis. Son cœur se noue furieusement, sans trop savoir pourquoi. Était-ce ce bracelet orange qui encerclait le poignet de la maudite, ou simplement la présence d'une autre mêlée auprès de son maître, alors même qu'elle était maintenue à distance. Le monstre gronde dans les entrailles de l'ancien adiutor, sans qu'elle ne s’autorise à le libérer. Elle n'avait aucun droit sur lui, aucune prétention, il était roi, il ne lui appartenait pas et pouvait s'entourer de tout ceux qu'ils voudraient. Il y avait pourtant quelques choses d'autres, sur lequel la bleue ne parvenait pas à mettre le doigt, une latence, un peur indomptable qui lui hérissait le poil. Elle poussait la porte du bureau du Griffith avant que celle-ci ne se ferme. Un regard circulaire pour s'assurer qu'ils étaient seuls et la maudite refermait la porte, créant un cocon, une intimité qui leur était propre. Un sourire vint franchir le seuil de ses lèvres lorsque son regard croisait les ambres du divin. Une lueur s'allumait , réveillant son âme. Elle le toise, le scrute, cherche la moindre faille sur son corps, son son être, elle cherche à expliquer la présence de la vermine orange. « Adonis » qu'elle murmure alors qu'elle envoie valser toute les convenance en venant l'enfermer dans l'étreinte de ses bras, nichant son visage dans le creux de son cou, à la quête d'une proximité qui lui avait tant manqué. Et ce poids qui lui pèse, ce petit quelques choses de différent, comme une fracture que l'on aurait colmaté comme par magie. Mais elle ne dit rien, Aléa, pas tout de suite, elle veut s'assurer qu'elle ne fait pas fausse route, qu'elle ne se laisse pas aveuglé par ses propres démons.

Elle inspire profondément, s'imprègne de cette odeur qui lui avait tant manqué. Il demeure le seul, l'unique, l'homme qui surplombe tous les autres. Si leur lien leur avait été imposé des années auparavant, ils s'étaient mués en un attachement profond, sincère et authentique. A tel point que lorsque le lien magique s'était brisé, cela n'avait fait que les rapprocher, scellant leur avenir. Elle s'écartait, laissant ses iris dévorer chaque parcelle de son être, ses mains demeurant en contact avec les sienne, incapable de se détacher de lui alors qu'ils venaient tout juste de se retrouver. « Je vais bien, personne ne m'a fait de mal. » Et un rire vient fendre les lèvres de la mêlée alors qu'elle secoue la frimousse à la négative. Il ne la connaît que trop bien, elle et ses travers, elle et ses obsessions. Il va bien. Il a l'air bien. Et pourtant, elle n'arrive pas à son convaincre. C'est là, juste là, juste sous son nez, sans qu'elle ne puisse l'expliquer. Ses lèvres se pincent, alors qu'elle exerce une légère pression contre ses paumes avant de les relâcher. Elle passe une main dans ses cheveux, laisse son regard vagabonder, cherchant un quelconque indice, une trace qui trahirait cette impression furieuse qui lui dévore les entrailles. « Et toi ? » Elle hausse vaguement les épaules, la brune, incapable de revenir sur ces quelques jours. L'ombre de Jorah plane toujours sur le cœur, sans qu'elle ne parvienne à renoncer pleinement à lui. Elle se détourne un peu de lui, ne sachant trop bien qu'il ne se laissera pas avoir aussi facilement par ses silences. Alors, elle s'accroche aux faits, se focalise sur l'essentiel, sans s'arrêter sur le torrent émotionnel qui bouleverse son âme. Elle fait quelques pas, laissant toujours son regard traîner avant de revenir se plonger dans les iris dorées du brun. « La ville était piégée, mais abandonnée.  » Un grognement franchit le seuil de ses lèvres, rien que d'en parler, l'agacement et la frustration resurgit, balayant ses pensées à propos du Kayrin. Ses mains passent dans ses cheveux, se crispant vaguement contre ses tempes. « Ils nous ont menés en bateaux. Nous aurions pu la récupérer bien plus tôt et avec nettement moins d'homme... Mais je suppose que c'est le résultat qui compte. Les Wheatdrop sont installés et les travaux de rénovation ne devraient pas tarder. » Ses bras tombent mollement, avant que ses doigts ne viennent s'accrocher contre le dossier du fauteuil, le pianotant nerveusement. «  Après le couronnement, tu devrais penser à une façon d'arrêter ces lambda. Vous devriez leur montrer qu'ici, à Earthanera, vous ne vous laisserez pas effrayé par la vermine humaine. » Un conseil. N'est-ce pas son rôle après tout? Elle se focalise sur autre chose, elle ne pense pas à son cœur déchiqueté. «  Pourquoi as-tu eu besoin d'une orange? »  Qu'elle demande, presque innocemment.